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« Le monde est à l’image de celui qui aime ! » Les adultes confient ce message d’espérance aux enfants pour qu’à leur tour ils prennent toute leur place sur cette terre. Ce chant repose sur un adage inusable : « Servir le Christ dans un monde à aimer et aimer le Christ dans un monde à servir. »
Un monde à aimer (KT 11-86)
Texte : Pierre-Michel Gambarelli
Musique : Jean-Pierre Kempf
Toi l'enfant regarde se lever
Dans le ciel de ce matin d'été
Une terre que nous avons rêvée
Une terre toujours à inventer
Toi l'enfant reçois pour mieux donner
L'espérance d'un monde à aimer.
1/
Il est jaune comme un champ de blé
Et de tout s'émerveille,
Il est jeune malgré ses années
Avec toi, Il s'éveille.
2/
Il est bleu comme l'horizon
Que tes jeux imaginent
Il franchit l'âge de raison
Avec toi, il chemine.
3/
Il est rouge comme le volcan
Qui libère sa colère
Il s'enflamme comme un cœur battant
Avec toi, il espère.
4/
Il est vert comme l'océan
Aux milliers de rivages
Il rejoint tous les continents
Avec toi, il s'engage.
Commentaire
« Le monde est à l’image de celui qui aime ! » Les adultes confient ce message d’espérance aux enfants pour qu’à leur tour ils prennent toute leur place sur cette terre. Afin que ce message ne se limite pas à quelques bonnes intentions, quatre instruments accompagnent ce message. Quatre couleurs qui fonctionnement à la fois comme des dispositifs pour baliser la route et comme des appareils de mesure pour apprécier le chemin parcouru.
Usages
Enrichissements
Le monde est à notre image et les quatre couplets du chant ne font que déployer cette réflexion qui conduit à associer une couleur avec un axe du développement personnel, un aspect concret de cette évolution et une réalité observable de la nature.
1/ Le jaune : l’enfant (l’école élémentaire) découvre ce monde qui bouge sans cesse au rythme des quatre saisons.
2/ Le bleu : le préadolescent (le collège) élargit son horizon pour s’apercevoir que le monde ne s’arrête pas au seuil de son propre jardin.
3/ Le rouge : l’adolescent (le lycée) commence à juguler sa colère devant l’absurde, l’impensable, l’inacceptable et commence à se nourrir du « principe d’espérance » (voir ci-dessous).
4/ Le vert : le jeune adulte (études et formation professionnelle) entre dans l’universalité qui donne sens à la vie sans s’embourber aux frontières de la mondialisation ambiante.
Exemple d’un partage d’expériences
Déroulement
Pour aller plus loin
a/ Le théorème des quatre couleurs
(démontré en 1976 par W. Haken et K. Appel)
Quatre couleurs suffisent pour distinguer toutes les surfaces géométriques d’un assemblage, du plus simple au plus complexe, constitué de ces figures. [Voir document 091.010-a]
Fits est un jeu de société qui repose sur ce théorème. Créé par Charles B. Phillips et Ronald Wiecek en 1999, il est édité par Ravensburger. Avec un groupe d’adolescents, l’exploitation du principe de ce jeu devrait rendre le partage d’expériences plus motivant et libérer la parole.
b/ Le principe d’espérance est toujours valable
Jean-Claude Guillebaud, journaliste et écrivain
Pendant plus de dix ans, j’ai eu la chance de lire et de rencontrer les tenants de la pensée systémique. Pour cette « école » où l’on trouve Michel Serres, Edgar Morin, René Girard, Jean-Pierre Dupuy, il est indispensable de croiser tous les savoirs (philosophique, sociologique, anthropologique, sciences dures…) afin de comprendre les grands bouleversements que nous vivons (la fin des idéologies, la mondialisation, le libéralisme, l’essor de la techno-science, la société médiatique….). Ils essayaient de répondre à cette question fondamentale : qu’est-ce qui nous arrive ?
Tous ces grands chercheurs m’ont aidé à prendre conscience que nous ne comprenons pas ce qui nous arrive. Il y a une opacité du grand changement contemporain qui nécessite d’être éclairée. Une ère nouvelle est en train de naître, nous le sentons mais nous ne le concevons pas. Cette incompréhension nous plonge dans le trouble, le désarroi. Face à ces changements, nous sommes partagés entre l’envie de dire "non", d’être conservateurs, ou bien de dire "oui" à tout, d’être béatement progressistes.
Pierre Bourdieu s’amusait de cette tendance très répandue de penser le monde ou bien selon la catégorie du "jamais vu" ou bien selon celle du "toujours ainsi". Qu’est-ce qui vous conduit à penser que nous entrons véritablement dans une période de "jamais vu" ?
Il est vrai qu’à chaque génération, il y a des intellectuels qui annoncent le début d’une nouvelle ère. Mais aujourd’hui, de nombreux faits objectifs permettent de penser que les changements sont vraiment radicaux. Je prendrai deux exemples : la biologie et l’informatique. La révolution génétique a des implications qui touchent toute la société, de la définition de l’homme aux structures de la parenté. L’informatique nous introduit dans un nouvel espace, un sixième continent, le cyberespace. Ces deux changements n’ont pas simplement des implications pratiques. Ils bouleversent nos paradigmes conceptuels. C’est pourquoi Michel Serres pense que nous vivons une révolution aussi capitale que celle du néolithique.
Pourquoi aurions-nous plus peur du changement aujourd’hui qu’hier ?
Pour deux raisons au moins. D’abord, nous sentons individuellement et collectivement que nous n’avons pas de prise sur la révolution en cours. Les découvertes scientifiques, les avancées technologiques nous échappent. Savez-vous qu’un informaticien est incapable de prévoir ce que sera l’état de l’informatique dans dix-huit mois ? Nous nous sentons dépassés. Par ailleurs, nous n’avons plus confiance dans le progrès. Pour la première fois depuis le début du judaïsme et du christianisme, nous pensons que demain ne sera pas meilleur qu’aujourd’hui. Pire, nous avons souvent le sentiment que nous courons à la catastrophe. L’histoire humaine n’est plus perçue comme tendue vers une finalité heureuse, un "projet", mais au contraire malheureuse. Or, sans m’aveugler sur les dangers qui nous menacent, je crois que nous nous trompons. Le principe judéo-chrétien d’espérance est toujours valable.
Ce "goût de l’avenir", titre de l’un de vos essais, est le grand thème que vous développez de livre en livre. Dans Le Commencement d’un monde, vous annoncez et vous vous réjouissez de l’avènement d’une modernité métissée.
En effet. Nous assistons à la fin de la séquence occidentale qui a duré quatre siècles. Désormais, la modernité n’est plus incarnée exclusivement par la sphère "euroaméricaine". Les inventions technologiques et scientifiques ne seront plus réservées au "centre", mais elles jailliront aussi de la périphérie. Les cultures s’interpénètrent, se rencontrent, s’entrelacent, se nourrissent les unes des autres pour accoucher d’un universel pluriel, d’une culture-monde. Il faut bien comprendre que nous vivons le début de la provincialisation de l’Europe. Cette évolution est une chance pour l’Occident, dans la mesure où elle va le contraindre à la modestie, à en finir avec son arrogance, son sentiment de supériorité. Ce qui s’achève, c’est l’occidentalisme, ce fondamentalisme théorisé par Huntington dans son Choc des civilisations, celui pour lequel le monde est divisé en deux blocs : "nous, les bons" et "eux, les barbares". Cet occidentalisme, si bien illustré par George Bush, Nicolas Sarkozy, André Glucksmann, Pascal Bruckner, Alexandre Adler, nous empêche de voir ce monde qui vient.
Dans chacun de vos livres, vous faites preuve d’une culture encyclopédique !
N’exagérons rien. À chaque fois, j’essaye de faire un état le plus complet possible de la question. Pour cela, je prends deux à trois ans pour lire et surtout annoter tout ce qui est sorti sur le sujet. Sur mon ordinateur, pour chaque livre, mes notes prises représentent environ trois millions de signes. Je les classe, prépare un plan d’une quarantaine de pages et je m’enferme pour écrire.
Depuis la publication de Comment je suis redevenu chrétien, vous êtes étiqueté "intellectuel chrétien". Cela vous agace, vous indiffère ou vous flatte-t-il ?
J’assume tranquillement cette étiquette.
« En restant discret sur ce sujet, vous seriez plus utile », me disait un ami jésuite. Je ne suis pas d’accord avec cette "stratégie" de la dissimulation. Je me sens plus à l’aise en disant les choses qu’en les cachant.
Recueilli par Laurent Larcher (La Vie – 28 août 2008)
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LE COMMENCEMENT D’UN MONDE de Jean-Claude Guillebaud
Seuil, 390 p., 22 €
D’ouvrage en ouvrage, Jean-Claude Guillebaud décortique les faiblesses des sociétés occidentales, leurs errances et leur désarroi. Mais l’homme Guillebaud, le journaliste Guillebaud, le penseur Guillebaud n’est pas fait pour les oraisons funèbres. Il lui faut penser plus loin. L’Occident se délite ? Et après ? Nous sommes au terme d’une séquence de quatre siècles, mais ce n’est pas la fin de l’histoire, ce n’est pas la fin du monde.
Et le voilà lancé dans une quête dont, au départ, il ne sait pas où elle doit le mener. Ce qu’il sait, en revanche, c’est le futur dont il ne veut à aucun prix : le « choc des civilisations » promis par l’Américain Samuel Huntington. Cette idée que des civilisations antagonistes (notamment musulmane et occidentale) s’affronteraient avec violence en raison de leurs différences irréductibles. Au contraire, objecte Jean-Claude Guillebaud, c’est parce que les cultures se rapprochent de plus en plus que certains s’inquiètent et résistent, que se produisent des soubresauts, des "refus", des "clapots" sur l’océan : ils rendent la navigation difficile, dangereuse même, mais ne contrarient pas les vagues de fond.
Sa conviction, l’auteur va l’appuyer sur de nombreux exemples, puisés dans l’histoire récente et sur divers continents : au Japon, en Iran, en Chine, en Turquie, en Amérique latine… C’est à un vaste voyage que nous invite l’essayiste. Un tour du monde érudit, au travers de ses propres connaissances et d’innombrables lectures de spécialistes de toutes disciplines qu’il cite avec une scrupuleuse honnêteté. Il n’y a pas de civilisation immuable, intangible. Elles vivent et se transforment. Les religions, elles aussi, évoluent. Le christianisme, le bouddhisme, l’islam, en se décentrant de leur terre natale, bougent et font bouger les autres. Jean-Claude Guillebaud, là encore, nous convie à parcourir la planète.
À telle ou telle étape de son voyage, on retrouve ses indignations, contre le libéralisme échevelé et la consommation à outrance, notre "chaos-monde" comme il l’appelle, dont il souligne la "panne de lumière", la "fadeur du discours", la "lassitude repue". Colère contre la trahison des colonisateurs qui ont prétendu apporter aux autres peuples les valeurs, les droits de l’homme, et qui les ont trahis par leur manière de les imposer. Donnant aux peuples colonisés le prétexte de rejeter, avec la "duplicité" occidentale, ces valeurs qui avaient pourtant du sens.
Car, de cette fertilisation croisée des civilisations, ne doit pas naître le relativisme. Il existe bien des valeurs universelles, mais chaque culture (y compris celle de l’Occident) doit pouvoir se les approprier, les réinterpréter : ainsi donne-t-il pour exemple la Charte africaine des droits de l’homme qui, aux droits individuels de la Déclaration universelle, ajoute des devoirs liés à la solidarité, à la communauté. Pas question, non plus, de dénier l’importance de l’enracinement dans un lieu, de l’identité, même si cette identité parfois se dévoie en nationalisme. « Le local est un “bivouac” à la lisière de l’universel », écrit-il joliment, qui permet de prendre des forces avant de se lancer vers ailleurs.
Quel est ce monde, donc, en train de naître ? Un monde en chemin vers une modernité "métissée" . Jean-Claude Guillebaud, en citant maints écrivains ou chercheurs, rend hommage à tous ces "passeurs", ces précurseurs, ces inventeurs de "créolité". Le métissage – ils le prouvent – ne signifie pas la négation des différences mais leur combinaison créative.
Rien n’est écrit, pourtant, de cet avenir. L’aventure comporte des risques. L’auteur sait bien que certains douteront de ses conclusions. L’ouvrage de Jean-Claude Guillebaud est ambitieux, touffu, ardu, un peu désordonné, avec des digressions, de multiples pistes ouvertes. Il se veut le fruit minutieux d’un travail intellectuel labourant le champ des idées. Mais aussi l’acte d’espérance d’un homme engagé.
Dominique Quinio (La Vie – 28 août 2008)
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