24 février 2025

Prof : une profession malmenée

Malmenée sur tous les fronts >>>

Et si on devait choisir un terme pour décrire la condition des enseignants actuellement, ce terme serait celui de « malmené ».
Mais, il serait réducteur d’en rester à quelques cas (toujours trop nombreux) qui font les choux gras de l’actualité orchestrée par des faiseurs de buzz ou des médias qui pourraient profiter de l’occasion pour mettre du sel là où ça pique. [Enseignante gifflée]

Les enseignants sont malmenés à tous les étages. Certes, mais malmenés par qui ?

Malmenés par des politiques qui pensent plus à leur réélections (donc populistes par essence) qu’à l’évolution de l’école et qui bricolent les programmes au gré de leur humeur.

Malmenés par un système datant de Jules Ferry et qui est incapable de se remettre en question. D’autres pays l’ont fait avec succès et caracolent aujourd’hui dans les classements de type PISA, là où la France s’enfonce inexorablement.

Malmenés par leur hiérarchie qui oublie, à la moindre once de pouvoir, d’où elle vient et comment le métier est complexe et comment il ne peut se résumer à de simples facteurs idéologiques.

Malmenés par leur administration, tatillonne à souhait, qui règle l’humain à partir de tableaux Excel dans des rectorats débordant de fonctionnaires dont la fonction est de fonctionner afin de donner du sens à leur fonctionnement jusqu’à ce que retraite advienne.

Malmenés par le grand public qui à l’instar de l’ex-président Sarkozy considère les enseignants comme des favorisés, des fainéants et des gauchistes.

Malmenés par quelques parents. On le sait, un parent suffit pour pourrir une année scolaire et réactiver l’envie de démissionner.

Mais aussi…

Malmenés par une formation initiale infantile et par une formation continue inadaptée.

Malmenés par certains élèves qui collent sur le dos de leur enseignant leur rage parce que trop d’inégalités, de pauvretés, de laïcité, de mixité…

Mais enfin…

Malmenés par eux-mêmes. J’insiste, une part non négligeable du « malmenage » qu’ils subissent leur incombe. Pourquoi ?

Parce qu’à force de jargonner, ils sont la risée des IPS+ (et plus encore)
Parce que leur allure péremptoire terrorise les IPS- (et moins encore)
Parce que leurs enfants ont 10 fois plus de chance de réussir dans les études que le IPS moyen dont le salaire est supérieur à celui des enseignants (alors pourquoi eux et pas nous ?)
Parce qu’aucune innovation n’est envisageable tant que majoritairement ils continueront à enseigner comme on leur a enseigné.
Parce qu’ils renâclent à se former autrement qu’à l’ancienne.
Parce qu’ils n’ont toujours pas compris l’importance de l’analyse des pratiques contrairement à toutes les professions au cœur de l’humain.
Parce qu’ils ne savent pas reconnaître leurs erreurs et demander de l’aide. Un prof seul est potentiellement en danger.
Parce qu’ils ont du mal à accepter que la connaissance puisse venir d’ailleurs et leur échapper.
…

Rappel : IPS (Indice de Position Sociale)

Pmg