La force des différences >>>
Pourquoi continuer à se tromper d’adversaires ?
Deux articles retiennent ces jours-ci notre attention. Alors que le monde est en pétard, une vraie poudrière au niveau géopolitique, économique, écologique… Le premier propose de bouger les lignes actuelles pour envisager un avenir pastoral possible. Un cheval de bataille pour contrer l’adversité ambiante tout en essayant d’éviter de se fondre dans une société de plus en plus sécularisée. Tout converge pour affirmer que notre microcosme français est en recherche de spiritualité, de réligiosité, de dévotion, de piété populaire… Cet article dessine les contours de ce que j’appelle le « courant missionnaire ».
Le deuxième accuse le premier de brader l’Église au nom d’un « cléricalisme technocratique ».
Peut-être, mais on peut lui retourner le compliment en lui opposant son « cléricalisme pharisaïque ». Certaines formules, dont seuls les conservateurs ont le secret, ne trompent pas. Le texte évoque une suspicion de symptôme faisant de l’autre un potentiel malade. Ce que j’appelle le « courant doctrinaire ».
Un des drames de l’Église catholique repose sur l’incapacité de ces deux points de vue à s’asseoir autour d’une table (ou pas) et de faire « synode ».
Doctrine et mission sont indissociables. Alors à quoi bon s’écharper ? Alors, au lieu de se tirer la bourre en s’accusant mutuellement de lapider le trésor évangélique, il est plus que temps d’accepter les différences comme une chance. La chance de ne pas s’étioler, de ne pas se fossiliser, de ne pas se satisfaire d’un entre-soi réducteur. La chance d’apprendre de l’autre, la chance de dialoguer autour d’une visée commune : la « civilisation de l’amour » prophétisée en son temps par Paul VI, la chance de faire ensemble, de « frères ensemble », de fraterniser sans bornes afin d’universaliser son cœur jusqu’à, un jour enfin, se diviniser.