Le vent des prophètes (T 135)

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À votre disposition ci-dessous : version karaoké, texte, partition, accords, utilisation pédagogique, idées d’animation, version instrumentale

Nous sommes en 1985 (il y a quarante ans). Ce chant, comme l’ensemble de l’album, a été enregistré sur un magnétophone à bande huit pistes, dans des conditions proches du direct. Nous avons travaillé avec un budget très limité, uniquement entourés d’amis bénévoles.
En bas de page, vous trouverez une photo de la pochette de l’album éponyme, avec le nom de ceux qui ont joint leurs voix à la mienne. Merci encore à chacun d’eux.

Le vent des prophètes, en l’honneur des martyrs de tous les temps :
De Jean le Baptiste à Óscar Romero,
De Pierre à Édith Stein,
De Paul à Jacques Hamel,
Et de tous les autres…

À ce jour, 1 624 chrétiens ont été tués au nom de leur foi depuis le début du XXIᵉ siècle. [Article ci-dessous]



Le vent des prophètes
Paroles et musique : Pierre-Michel Gambarelli

Éditeur : Studio SM / ADF Bayard Musique
Cote Secli : EDIT 835 / T 135

1/ Tu as fait se lever un peuple sans levain,
Le froment est moulu à la force des poings.
Le pain cuit au soleil a pris le goût du sang,
Ton nom vient prolonger la liste des gênants.

Refrain
Mais le vent des prophètes
A soufflé ce matin,
Et l’on a vu des milliers d’alouettes
Danser autour du pèlerin.
Et l’on a vu sur toute la planète
Des frères se donner la main.

2/ L’injustice ne peut supporter le silence,
Mais l’exemple du Christ prend toute sa puissance.
Suspendu au gibet le jour de l’abandon,
Pour notre humanité il demande pardon.

3/ Tu es mort, le printemps n’avait que quelques brins,
Tué dans ton église, les statues pour témoins.
Prêtre d’El Salvador, libre à en mourir,
Ton nom vient prolonger la liste des martyrs.

4/ Combien d’hommes sont morts et combien meurent encore !
Ils sont pour notre monde cet envers du décor,
Cachés par les parades et les marches militaires.
Qui pourrait désormais les forcer à se taire ?



Commentaires

Les paroles de ce chant retracent le martyre de l’archevêque de San Salvador, Óscar Romero, assassiné en pleine messe dans la chapelle de l’hôpital de la Divine Providence en 1980, parce qu’il était la « voix des sans-voix », celle des paysans et des plus pauvres, le défenseur des droits de l’homme.
Saint Óscar Romero a été canonisé par le pape François le 14 octobre 2018.

Couplet 1
La métaphore du pain convient à celui qui était proche des « sans rien », avec qui il partageait le pain : le pain de la table conviviale et celui de l’autel de l’espérance en Jésus-Christ, le Saint Sauveur du monde (d’où le nom du pays et de sa capitale : San Salvador).
Dans un pays sous le joug d’une dictature militaire sanguinaire, il devient non seulement un « gêneur » (celui qui dérange), mais un « gênant » (celui qu’il faut éliminer).

Refrain
Romero est assassiné parce qu’il était le prophète de la « liberté », celle de la libération du peuple du paternalisme des élites de tous bords.
Autour de lui tournent désormais des alouettes, l’oiseau de la louange : une louange qui vient du ciel et préfigure sa sainteté.
Romero, son nom nous invite à nous lever et à nous mettre en route. Romero, le petit « Romé », celui qui revient de Rome. Romero, un nom qui rappelle le pèlerinage de chacun sur la terre : un pèlerinage fraternel et pacifique à la lumière de l’Évangile.

Couplet 2
Impossible de dissocier l’Église du Christ de l’attention aux plus pauvres. Voilà les grandes lignes de ce que Mgr Romero disait à Louvain et au pape Jean-Paul II en février 1980, huit mois avant son exécution : « Au Salvador, ce ne sont pas tous les prêtres, ni n’importe lequel d’entre eux, qui sont persécutés. Ce n’est pas toute l’institution qui est persécutée. Est attaquée ou persécutée cette partie de l’Église qui s’est mise aux côtés du peuple et se pose en défenseur du peuple. Ici aussi, se trouve la même clé d’explication de la persécution de l’Église : les pauvres. »

Couplet 3
Alors qu’il prononçait une homélie, un tireur embusqué fit feu, l’atteignant mortellement au cœur. Les témoins racontent que l’archevêque s’effondra près de l’autel.
Les journaux salvadoriens de l’époque rapportèrent l’assassinat de Mgr Romero avec prudence, voire censure, car la presse était alors surveillée par le régime militaire.
Certains journaux proches de l’armée insinuèrent que Romero « s’était mêlé de politique ». D’autres, plus courageux, publièrent les mots de fidèles le qualifiant de « martyr du peuple ».

Couplet 4
Malgré la peur, la population afflua aux funérailles. Son assassinat eut l’effet d’un choc mondial et fit de lui le symbole des pauvres et de la justice sociale.
Romero, comme Jerzy Popiełuszko, tué par la police politique communiste et béatifié en tant que martyr le 6 juin 2010 à Varsovie, et bien d’autres encore, ont lutté contre des pouvoirs politiques et militaires fascistes avec pour seule arme les paroles de Jésus dans les Béatitudes :

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. » (Matthieu 5, 6)
« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux. » (Matthieu 5, 10)