Philippe Missotte

En 1981, je rencontre pour la première fois l’ami Philippe. Il attend sagement au centre scout d’Alsace le départ d’une réunion. Pour combler le temps, il écoute une K7 qui traîne sur un bureau. Un chant attire son intention : « Le laboureur ». Sur une musique de Jean-Pierre Kempf, j’ai écrit des paroles en prévision d’un rassemblement scout et guide prévu en 1982. Il demande à me rencontrer. Je le rencontre et notre amitié commence.

Pour des raisons de choix de vie, l’époque est compliquée pour moi. Philippe, comme un grand frère, que je n’ai jamais eu (comme dirait Maxime), me partage son expérience, ses doutes, ses convictions. Les stages nationaux, les rassemblements, les universités d’été vont nous permettre de croiser nos regards dans bien des domaines. Comment parler de Philippe sans parler de son épouse, Janine. Une femme qui parle avec ses yeux et vous fait comprendre l’essentiel en un clin d’oeil. Comment parler de Philippe sans parler de ses filles, Isabelle, Claire, Anne avec qui je suis toujours en relation, Catherine et Hélène.

Le 22 décembre 1984, il revient à Strasbourg pour participer comme témoin à notre mariage. Pour nous, une grande fierté et un grand bonheur de les avoir, Janine et lui, à nos côtés. Comme eux, Marie-Pascale et moi, nous avons 5 filles.

Spécialiste de la communication, Philippe m’a appris à travailler. Il suffisait de le regarder faire et d’en prendre de la graine. Une pile de feuilles A4, quelques feutres, une paire de ciseaux et une bombe de colle. Qu’est-ce qu’on veut dire ? À qui ? Pourquoi ? Comment ? Où ? Répartition des rôles, répétition sur le pouce, réglage des lumières et de la sono. Et maintenant, vas-y ! Lance-toi ! Occupe le podium ! Prends du volume et chante avec tes tripes… Une formation sur le tas qui me sera utile en bien des circonstances. Quelle formation, mes amis, je vous le dis !
Plus tard, lorsque je prendrai la direction des Presses d’Ile de France, il est encore le patron de la communication des Scouts et Guides de France et il saura m’épauler lorsque j’en aurai besoin.

Merci Philippe, merci pour tout.

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès samedi 28 mai 2022 d’un grand acteur de la branche Pionniers des Scouts de France, Philippe Missotte, à l’âge de 87 ans.

Scout à Saint-Maur en 1947 puis à Joinville entre 1948 et 1952, Philippe Missotte fut aussi routier, chef de troupe et Assistant du Commissaire de District des Eclaireurs pour les Boucles de la Marne. En 1963, en tant que membre de l’Equipe nationale éclaireurs, il a participé au projet de développement des deux pédagogies spécifiques que sont maintenant les Scouts et les Pionniers. Par la suite, il fut assistant national pour les Scouts de France des Territoires du Pacifique. Il y anime avec les responsables locaux les Rallyes « Pacific boom » de Nouvelle-Calédonie (1968), Tahiti (1971) du Vanuatu (à l’époque Nouvelles-Hébrides (1974)). La décennie suivante, il est rappelé par les dirigeants du mouvement Scout. Sa mission est de recréer les manuels et éditions pour toutes les branches, malmenés par l’héritage de 1968.

En parallèle, Philippe Missotte fut aussi compositeur-typographe, officier parachutiste, communicant, docteur en sociologie, éditeur, écrivain et enseignant, nombre de casquettes qui ont permis un large enrichissement du mouvement des Scouts de France.

Depuis 2013, Philippe Missotte était membre d’honneur des Scouts et Guides de France en tant que contributeur important de la réforme pédagogique des Scouts de France puis responsable de l’agence de communication de l’association.

Les Scouts et Guides de France accompagnent ses proches par la pensée et la prière.