Abraham, va

Texte : Patrick Jaymes et Pierre-Michel Gambarelli.
Musique : Paul Glaeser.

Ce chant décline en quatre couplets la vocation d’Abraham qui commence par une parole radicale de Dieu : « Pars ! » (Gn 12,1).

Abraham, va

Texte : Patrick Jaymes et Pierre-Michel Gambarelli
Musique : Paul Glaeser

Refrain
Abraham va, va, va !
Quitte ton pays, ta famille et ta maison
Abraham va, va, va !
Je ferai de toi le père d’une grande nation.

  1. Va jusqu’au bout des déserts
    Des montagnes et des mers
    Car je marche à tes côtés
    Jusqu’aux terres de liberté.
  2. Va et compte dans le ciel
    Les étoiles qui étincellent
    Autant d’astres au firmament
    Autant tu auras d’enfants.
  3. Va en me faisant confiance
    Toi le père d’un peuple immense
    Car demain l’humanité
    Sera ta postérité.
  4. Va porter cette nouvelle
    Je suis le Dieu éternel
    Qui refuse en sacrifice
    Le sang versé de ses fils.

Usages

  • Histoire d’Abraham.
  • Temps d’envoi.
  • Vocation et mission.
  • Promesse de Dieu.
  • Origine du peuple de Dieu.

Commentaire

On se rappelle, en chanson, les paroles de Dieu à Abraham au chapitre 12 (verset 1) de la Genèse.

Un message radical : « Va ! »

Il ne s’agit de partir pour fuir ou pour aller voir ailleurs… Dieu ne dit pas à Abraham : « Va voir ailleurs si j’y suis ! » Dieu fait comprendre au patriarche Abraham qu’il est le commencement d’une histoire unique qui déborde le cadre d’une tribu, d’un pays, d’une culture. Abraham, le père des croyants en un Dieu unique, va devenir le symbole de l’unité, toujours en devenir, d’une humanité sans frontière, sans restriction, sans limite… comme le ciel et les étoiles qui le peuplent sont sans limite.

Dans le refrain, le mot « nation », peu usité dans les chants religieux, vient tenter de nommer cet idéal. Ce mot n’est pas employé par hasard puisqu’on le rencontre au moins 630 fois dans l’Ancien Testament et plus spécialement 3 fois aux versets 4, 5 et 6 du chapitre 17 de la Genèse :

« Voici l’Alliance que je fais avec toi : tu deviendras le père d’un grand nombre de nations.

Au lieu d’être appelé Abram, comme jusqu’ici, ton nom sera désormais Abraham, car je fais de toi le père d’un grand nombre de nations. Je te ferai porter des fruits à l’infini, de toi je ferai des nations, et des rois sortiront de toi.

Toute l’histoire d’Abraham va se résumer dans le verset suivant (v. 7) du même chapitre.

« J’instituerai mon Alliance entre moi et toi, et après toi avec ta descendance, de génération en génération ; ce sera une Alliance perpétuelle par laquelle je serai ton Dieu, et celui de ta descendance après toi. »

Les découvertes d’Abraham :

Couplet 1 : Dieu n’est pas un Dieu lointain. Il marche avec nous, il est à nos côtés. Une relation entre le divin et l’humain s’installe. Dieu parle, entends, comprends et souhaite le meilleur pour ceux qui lui font confiance. Dieu nous lance des défis… nous dépasser, nous ouvrir, nous convertir…

Couplet 2 : Dieu veut être le Dieu unique d’un peuple immense… Et l’exemple des étoiles dans le ciel est la plus belle image que celui qui parcoure en long et en large le désert peut prendre pour traduire la volonté de Dieu (Gn 15,5 ; 22,17 ; 26,4 ; etc.).

Couplet 3 : Dieu souhaite que cette Alliance s’inscrive dans le temps. Dans le temps de Dieu. Abraham s’installe dans l’Ancien Testament comme ce patriarche qui l’on va appeler Père et qui aujourd’hui rassemble sous sa bannière les croyants des trois principales religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Dans le temps des hommes. Abraham, sans aucune certitude historique, chemine sur cette terre (1800 av J.-C. ?) entre Ur en Chaldée et Hébron où l’on vénère toujours le lieu présumé de sa tombe.

Couplet 4 : Dieu est amour, et le Dieu d’Abraham ne veut plus de sacrifice où l’homme tue l’homme. Fini le temps où il suffisait d’offrir quelques meurtres ritualisés aux divinités païennes pour apaiser les pulsions agressives des foules. Dans La Violence et le Sacré (1972), René Girard montre comment le sacrifice d’un animal (souvent le doux, le plus innocent, le plus utile, le plus précieux, le plus « humain »…) va participer à l’évolution des choses. Relire pour mieux comprendre le célèbre chapitre 22 de la Genèse (le sacrifice d’Isaac).

Abraham, notre père dans la foi

1/ Chant : Abraham, va (3 minutes environ)

2/ Présentation d’Abraham (5 minutes minimum)

À partir des différents couplets du chant et des points suivants :

Abraham…

  • Le premier à répondre à l’appel de Dieu.
  • Il quitte son pays pour la terre que Dieu lui promet.
  • Installé en Terre Promise, Abraham intervient auprès de Dieu pour éviter la destruction de Sodome, où Loth réside avec sa famille.
  • L’Alliance avec Dieu est promesse d’une descendance nombreuse. Abraham ne peut avoir d’enfant avec Sara, il assure sa descendance avec – Agar, c’est la naissance d’Ismaël.
  • Après le passage de trois personnages mystérieux à Mambré, Sara donne naissance à Isaac.
  • Mais Dieu lui demande de sacrifier son fils unique. Alors qu’Abraham s’exécute, il est arrêté par l’ange du Seigneur.
  • Pour la réponse d’Abraham, Dieu confirme son Alliance et fait de celui-ci le premier des patriarches.

3/ Lecture de trois textes (7 minutes minimum)

  • Vocation d’Abraham – Gn 12, 1-3
  • Intercession d’Abraham – Gn 18, 16-33
  • Sacrifice d’Abraham – Gn 22, 1-19

4/ Recherche individuelle (30 minutes minimum)

  • Surligner dans une couleur tout ce qui montre la foi.
  • Surligner dans une autre couleur tout ce qui est de l’ordre du doute ou des questions.

5/ Réflexion en équipe (45 minutes minimum)

  • Sortir les points particuliers qui caractérisent la foi, qui la favorisent, etc.
  • Rédiger sur chaque feuille ces caractéristiques.

6/ Méditation personnelle (le temps nécessaire… de quelques minutes à plusieurs heures en fonction de l’ampleur donnée à cette démarche spirituelle)

  • Au vu de ces caractéristiques, comment Abraham peut-il me montrer le chemin de la foi, dans ma propre vie ? (lors d’une récollection ce temps peut se prolonger tout au long la journée)

7/ Partage commun (deux heures minimum, en fonction du nombre de participants)

  • Comment Abraham peut-il m’aider à fortifier ma foi ?

Lors de cette restitution en grand groupe, l’animateur fait ressortir les éléments synthétiques de la foi :

  • Confiance
  • Abandon
  • Aventure
  • Connaissance d’un Dieu qui exauce
  • Partir, avancer, progresser…

8/ Chant : Abraham, va (3 minutes environ)

(démarche proposée par Sylvain Boutillier et Pierre-Michel Gambarelli)

Pistes d’approfondissement

René Girard s’interroge sur la violence des hommes et pose une hypothèse : le mécanisme de la victime émissaire, qui pour lui est l’origine du religieux archaïque, qu’il expose dans son livre La violence et le sacré (1972), Pluriel / [ISBN : 2 -01 – 008984 – 7]

Par l’étude comparée de plusieurs mythes, essais, tragédies, et rites appartenant à des cultures diverses et variées, passant de la Grèce antique à l’Afrique primitive, René Girard cherche à éclairer le lien entre la violence et le sacré, en tentant de remonter à l’origine des sociétés humaines. Ces textes et ces mythes vont s’éclairer les uns les autres, car ils font tous référence aux mêmes mécanismes, que l’auteur va analyser et décortiquer.
La violence est en effet, pour René Girard, au fondement de toute pensée religieuse et de tout ordre culturel, c’est-à-dire à l’origine même des sociétés. Un événement fondateur violent, serait pleinement destructeur si les hommes ne cherchaient à expulser la violence au-dehors, en la focalisant de manière unanime sur une victime émissaire. Pour briser le cercle des vengeances, et ensuite réguler la violence humaine de toute société, la communauté commémore cet événement dans le rite du sacrifice. La violence, d’abord maléfique, se transforme en violence bénéfique, puisque la violence protège la communauté de sa propre violence et qu’elle est à l’origine du rite, lui-même à l’origine de la pensée religieuse, du sacré et de l’ordre culturel.

Pars Abraham
Un texte d’Éliette Abécassis

L’homme devient nouveau
Un entretien avec Michel Serres

Les religions et la paix
Extrait d’une conférence du cardinal G Danneels