Un rapport parlementaire à charge.
Au-delà de l’école privée, le rapport « Vannier-Weissberg », pointe du doigt certains disfonctionnements relatifs au système éducatif français dans son ensemble. En rejetant la faute presqu’uniquement sur le « privé » ce rapport ne permet pas au « public » de sortir la tête de l’eau.
Tout ne va pas bien, loin de là. Tout doit être repensé, de la cave au grenier, pour restaurer la maison « Éducation nationale » en France. Mais la question « privé / public » mérite mieux qu’un combat d’arrière-garde visant à tout mettre par terre sans une évaluation sérieuse uniquement par principe, par idéologie, voire par ignorance.
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240328lx – L’école catholique – Un modèle questionné.pdf (en PJ)
240403 – La liste de 55 mesures que préconise le rapport (en PJ)
Rappels préalables
- Les établissements privés sous contrat sont à 96% d’obédience catholique.
- Le parti LFI vise, et ce n’est pas un scoop, le démantèlement de l’école privée.
- Le rapport propose 55 mesures, dont la moitié communes aux deux rapporteurs.
- L’école privée scolarise plus de 2 millions d’élèves (1 sur 6).
- L’État couvre aux ¾ les dépenses du « privé ».
- Les parents des familles favorisées qui refusent plutôt la mixité scolaire, votent davantage que les familles défavorisées. Les politiques le savent et en tiennent forcément compte.
(voir : Youssef Souidi, Vers la sécession scolaire ? Mécaniques de la ségrégation au collège. Avril 2024. Fayard) - La publication des indices de position sociale (IPS) des lycées confirme que les jeunes issus des catégories populaires sont davantage orientés vers les filières professionnelles. (Le Monde, 11 janvier 2023)
- L’IPS rendu public depuis 2022 par décision de justice confirme un phénomène global de ségrégation scolaire.
- Les collèges privés concentrent de plus en plus d’élèves issus des milieux favorisés.
(https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/04/13/mixite-scolaire-des-ecarts-socio-economiques-parfois-immenses-entre-des-colleges-voisins_6169317_4355770.html) - Une ségrégation que reconnaît le ministère de l’Éducation nationale : « Les candidats d’origine sociale défavorisée représentent 50 % des présents en série professionnelle et 29 % en série générale. Ils ont un taux de réussite inférieur de 18 points à celui des candidats d’origine sociale très favorisée. »
(https://www.education.gouv.fr/resultats-definitifs-de-la-session-2023-du-diplome-national-du-brevet-dnb-et-evolutions-depuis-2018-414006) - Etc.
« Public » ou « privé », ça se discute
- On peut comprendre, vu l’état du « public » que ce dernier regarde jalousement la capacité d’autonomie des établissements privés.
- Le « privé » peut se permettre d’explorer de nouvelles pistes pédagogiques en prenant des risques. De ce fait, il devance le « public » de quelques années en termes d’innovations pédagogiques.
- Le « public » est une institution devenue « maltraitante » pour ses enseignants (Enseignants de la vocation au désenchantement, Sandrine Garcia, Édition La Dispute, ISBN 978 2 84303 329 2).
- L’absentéisme est monnaie courante dans le « public » et ce n’est pas le cas du « privé ».
- Les profs sont de moins en moins remplacés dans le « public » et le seront encore moins dans l’avenir, faute de moyens humains et financiers.
- Le syndicalisme enseignant bloque toute forme d’innovations lorsqu’elles ne vont pas, prioritairement, dans le sens du confort des enseignants.
- Le modèle français d’une école « chien et chat » (public-privé) n’est pas un bon exemple, il faut regarder ailleurs, là où les idéologies laïcistes n’impactent pas toutes démarches réflexives.
- La liste des pédagogues présentant une obédience religieuse (en grande majorité chrétienne), est longue (en voilà quelques-uns et dans le désordre : Jean Bosco, Ignace de Loyola, Jean-Baptiste de La Salle, Alix Leclerc, Pierre Fourier, Jean-Frédéric Oberlin, Maria Montessori… et même Confucius).
- Les classes populaires n’ont pas le réflexe du « privé ».
- Par exemple, la gratuité de la cantine dans le « public » pour les élèves boursiers, oriente le choix des parents.
- Les écoles privées situées souvent dans les centres-villes sont tributaires de la gentrification des milieux urbains.
- Les écoles privées font le grand écart entre certaines écoles bien trop élitistes et certaines autres où le brassage social est exemplaire.
- On devrait pouvoir considérer comme une liberté de pouvoir choisir entre le « public » et le « privé ». Mais ce n’est pas le cas.
- Ça l’est dans certaines régions (la Bretagne par exemple) où le nombre d’écoles privées avoisine celui des écoles publiques.
Il n’en reste pas moins que :
- Les écoles privées affichent globalement de meilleures réussites aux examens.
- Beaucoup de profs du « public » inscrivent leurs propres enfants dans le « privé ». Sans parler des inspecteurs, des recteurs, et même des ministres de l’Éducation nationale (au procès d’Amélie Oudéa-Castéra à ce sujet, on devrait convoquer : Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer, Luc Ferry, Luc Chatel, François Bayrou…)
- Les meilleurs élèves dans le privé, comme dans le public, sont les enfants des profs.
- L’inégalité existe également entre les établissements publics (« Henri IV » 5e arrondissement vs « Claude-Monet » 13e arrondissement).
- Le mode de répartition des postes d’enseignants accentue les inégalités et le « privé » n’est pas responsable de cette réalité.
- Le principe de la carte scolaire est à revoir entièrement et le « privé » n’est pas responsable de cette réalité.
Cependant, quelques points méritent plus qu’une vague attention
- Le privé devrait être plus transparent quant à l’utilisation des financements publics.
- La modulation tarifaire devrait être la règle pour tout le monde (feuille d’imposition à l’appui).
- L’éviction systématique des élèves les moins performants qu’exploite trop souvent le « privé » doit cesser.
- Le « privé » se doit de faire valoir sa spécificité avant toute inscription. Les parents doivent se déterminer en totale connaissance de cause.
- La dimension catholique doit être proposée à tous sans jamais être imposée.
- La catéchèse ne peut en aucun cas être obligatoire, contrairement à la culture religieuse.
- La culture religieuse est de l’ordre des programmes. Programmes connus et respectés par tous les enseignants.
- La culture religieuse est enseignée obligatoirement à tous les élèves de façon impartiale et sans prosélytisme.
Les 4 raisons des parents de choisir le « privé »
D’après les sondages, les parents cherchent pour leurs enfants :
- de l’exigence,
- de la sécurité,
- des valeurs,
- des repères.
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240328lx – L’école catholique – Un modèle questionné.pdf (en PJ)
240.403 – La liste de 55 mesures que préconise le rapport (en PJ)
Affaire à suivre
Les 10 points clés du rapport qui met sous pression l’école privée – 02/04/2024
https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/education-les-10-points-cles-du-rapport-qui-met-sous-pression-lecole-privee-2086346
L’école privée épinglée dans un rapport, des députés dénoncent des « détournements de fonds » – 02/04/2024
https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/l-ecole-privee-epinglee-dans-un-rapport-des-deputes-denoncent-des-detournements-de-fonds_232034.html
Ce que contient le rapport parlementaire épinglant le financement de l’école privée – 02/04/2024
https://c.dna.fr/education/2024/04/02/ce-que-contient-le-rapport-parlementaire-epinglant-le-financement-de-l-ecole-privee
Que dit le rapport sur l’enseignement privé ? – 02/04/2024
https://radionotredame.net/actualites/que-dit-le-rapport-sur-l-enseignement-prive
Pmg
03 avril 2024
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