Une « trilogie » à réinventer >>>
Halloween serait le marchepied du satanisme d’après le Père Francesco Bamonte (vice-président de l’Association Internationale des Exorcistes). Un raccourci saisissant qui, une fois encore, ne peut que contribuer à dresser les pour et les contre les uns contre les autres.
Bis repetita… Chaque année le même couplet. Des catholiques nostalgiques ayant pignon sur rue dans les médias et les réseaux sociaux conservateurs, fustigent la tradition d’Halloween. La phobie du remplacement se réactive à cette occasion. Horreur ! Pensez donc, Halloween détrône la Toussaint… Rendez-vous compte du drame civilisationnel qui est en train de bousculer les bonnes traditions au profit d’un rite païen. Halloween, c’est la plaie, le diable, le mal qu’il faut dénoncer, combattre, éradiquer…
Si vous voulez mon avis, vous pouvez poursuivre la lecture de ce texte. Dans le cas contraire, passez à autre chose.
1/ Soyons bienveillant à l’égard du paganisme, car on est toujours le païen de quelqu’un d’autre.
2/ Qui peut prétendre que les traditions sont immuables ? L’histoire sérieuse nous apprend plutôt que tout évolue ou meurt. Au IVe siècle, on fêtait la Toussaint une semaine après la Pentecôte, tradition conservée par les orthodoxes. Au VIIe siècle, la fête prend ses quartiers le 13 mai de chaque année.
3/ Au VIIIe siècle le pape Grégoire IV unifie les fêtes des martyrs se déroulant un peu partout dans la chrétienté en fixant la Toussaint le 1er novembre. Son choix visait également à évincer le nouvel an celte et sa fête des morts pas en odeur de sainteté du côté catholique. Luther, en 1617, fera de même en choisissant cette date pour lancer les prémices de la Réforme protestante. Les protestants, qui ne célèbrent pas la Toussaint, fêtent ce qu’ils appellent la Réformation le 31 octobre de chaque année.
4/ Au lieu de rejeter cette fête et de créer une opposition frontale entre les adeptes de Satan d’un côté et les bons cathos de l’autre, exploitons les richesses ancestrales de ce carnaval centré autour de la question de la fin des temps et de la mort.
5/ Et si nous envisagions les fêtes de la Toussaint sur trois jours durant ?
Il y aurait d’abord, la veille, Halloween. « La veille de la fête de tous les Saints », voilà la traduction de ce mot qui est la contraction de l’expression « All Hallow’s Eve ».
Ensuite, le lendemain, viendrait la fête chrétienne des vivants, où il serait bon de partager les Béatitudes (le texte lu à la messe ce jour-là : Matthieu 5, 1-12) avec tous nos proches, et ce, quelles que soient leurs convictions religieuses ou pas. Heureux sommes-nous quand nous partageons nos biens terrestres et spirituels avec ceux qui ont tant besoin de l’un et de l’autre.
Et enfin, le troisième jour, lors de la fête des fidèles défunts, on pourrait privilégier un temps en famille, au cimetière ou à la maison, en sortant quelques photos, en allumant une bougie, en réalisant le dessert familial que nous a légué une arrière-arrière-grand-mère…
6/ Il reste aux catholiques à déborder de créativité afin de ne pas laisser aux marchands de babioles futiles la priorité quant aux contenus des fêtes de la Toussaint.
Il reste aux parents, aux catéchètes et à tous les acteurs pastoraux à profiter de ces trois jours de fête pour aborder avec les enfants et les jeunes les questions de sens fondamentales que sont celles de la mort et de la vie plus forte que la mort (Jean 11, 25).
Il reste aux habitants qui se font déranger par des ectoplasmes pendus à leur sonnette à donner autres choses à tous ces gosses que des sucreries (d’ailleurs vendues 30% plus cher que d’habitude) : une parole, une image, une prière, un petit santon qui viendra peupler la future crèche, un bâton lumineux…
À tous, belle et joyeuse fête de la Toussaint.
Pmg (28 octobre 2024)
En une page à télécharger librement :
Les grandes lignes de l’histoire des fêtes de la Toussaint