l’Église, corps du Christ, est un corps vivant en éternelle évolution >>>
Alors évoluer sans rien changer est-ce possible ?
Si oui, que faire des textes « officiels », comme les credo, rédigés au cours des premiers siècles ? Que faire des 4 sacrements (confession, ordre, mariage, extrême-onction) développés au fil du temps ? Que faire de la succession apostolique qui fait qu’un homme (un pape ou un évêque) de son temps remplace un autre homme d’un autre temps ?
Figer l’Église par nostalgie produit les effets inverses de ceux désirés. Les églises se vident inexorablement là où elles étaient bien plus pleines il y a peu. Est-ce pour se remplir ailleurs, là où se développent de nouvelles ferveurs ?
Je ne parle pas des églises pleines de traditionalistes qui ratissent large kilométriquement parlant ou de ces minoritaires chrétiens itinérants qui se déplacent d’un lieu à l’autre à la recherche d’expériences spirituelles ou de guides charismatiques. Je parle d’un phénomène de masse qui conduit à ce qu’aujourd’hui un tiers seulement des Français se déclare catholique pour moins de 6% de pratiquants de temps à autre (une fois par mois désormais nous disent les sociologues).
Loin de moi la volonté de critiquer d’éventuels responsables de ce constat et encore moins de décider à la place des décideurs. En simple « Catholique-chercheur », je me permets de réfléchir à haute-voix en laissant, à ceux qui veulent poursuivre la réflexion (seuls ou à plusieurs), les 11 articles collectés qui nous donnent à penser.
Vos partages, dans le cadre d’un dialogue paisible, seront toujours les bienvenus. (contact@envoix.fr)
La pratique
Il serait temps d’abandonner la notion de « catholiques pratiquants ». La pratique ne doit pas être l’instrument de mesure concernant la foi des gens. Cette classification conduit irrémédiablement les non-pratiquants à se définir, peu à peu, comme des « mauvais catholiques » ou des « catholiques de seconde zone » et finalement à oublier leur foi en ce Jésus qui les aurait laissé tomber. Alors qu’il est venu pour eux aussi, déjà, d’abord… il suffit de tourner les pages de l’évangile pour se le rappeler.
L’unité
Du Vatican jusqu’à la plus petite des paroisses, l’Église catholique fatigue en raison des divisions intestines.
Pour certains, le pape aurait fait le choix de l’évangélisation sur la doctrine et pour d’autres, ce serait le contraire.
Quand déciderons-nous de ne plus confondre unité et unicité ? Nous devons prendre le risque de la différence. Oser la multiplicité des points de vue. Que ceux qui prêchent la doctrine et rien que la doctrine se ressourcent aux initiatives pastorales de ceux qui ont un esprit missionnaire. Que ceux qui sont ouverts sur le monde « égaré » (dixit les doctrinaires) puissent structurer suffisamment leurs pastorales à l’égard du plus grand nombre pour ne pas tomber dans les travers du relativisme.
D’un côté comme de l’autre, les excès de langage sont mortifères.
Lorsque l’on interroge les jeunes catholiques, on ne peut que constater une certaine « fluidité liturgique ». Ils apprécient les aspects de la messe traditionnelle, comme sa solennité et son sens du sacré, tout en participant activement aux célébrations plus contemporaines. Ce phénomène d’hybridation entre les pratiques traditionnelles et modernes est décrit comme une dynamique croissante ces dernières années. (voir La Croix du 25 mai 2023)
La messe
La messe est source et sommet de la vie chrétienne, nous dit le concile Vatican II. Mais la vie chrétienne ne commence pas à l’entrée d’une église le dimanche matin pour s’achever au dernier accord de l’orgue une heure plus tard. Plus le catholicisme devient minoritaire, plus il semble se replier sur la pratique dominicale. Si l’Eucharistie est la source, c’est que nous venons y puiser l’énergie nécessaire pour évangéliser (la première mission de l’Église). Si l’Eucharistie est le sommet, c’est que la communauté a suivi quelques sentiers escarpés à la rencontre des merveilles de la création et a franchi quelques cols obligeant à se coltiner les réalités du monde.
Le catéchisme de l’Église maintient l’obligation de la messe du dimanche sous peine de manquement aux commandements de l’Église (CEC §2042). Elle est dans son rôle, peut-être, mais le mot « obligation » implique une contrainte qui ne colle pas avec le principe de liberté personnelle qui fait la nature même de la religion chrétienne. Au-delà du devoir, le catholique que je suis se fait une joie de participer à la messe. Par contre, le catholique que je suis, refuse d’être infantilisé avec à la clé des châtiments d’un autres temps.
Que soient bénis ceux qui vont à la messe tous les jours, qu’ils continuent à prier pour leurs frères et sœurs qui partagent la même foi, mais aussi pour tous les autres.
Que soient bénis ceux qui vont à la messe tous les dimanches, qu’ils continuent à mettre les paroles de l’Évangile en actes au quotidien de leur existence.
Que soient bénis ceux qui vont parfois à la messe, mais qui y vont de bon cœur et qui ont la chance d’être accueillis sans pour autant être culpabilisés et enrégimentés contre leur gré par les « fervants ».
L’avenir
Je peux comprendre que les clercs plaident pour prêcher devant des nefs bien achalandées. Alors, je ne peux que les inviter à se poser les bonnes questions. Des questions à formuler à partir des réflexions de toutes celles et ceux qui portent sur l’Église catholique un regard d’amour et de lucidité.