La règle d’or 

Thème : La règle d’or et ses expressions multiples : « Agis envers les autres comme s’il s’agissait de toi !» ; « Ne pas faire à autrui, ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse ! » ; etc.

Présentation générale :
La règle d’or s’énonce différemment en fonction des cultures, des époques, des traditions, des lieux géographiques. L’acceptation de cette règle constitue le fondement de base du vivre ensemble et du dialogue interculturel.
En s’appuyant sur la règle d’or, commune à la majorité des religions et des courants de pensée de la planète, il s’agit, dans cette séquence, de s’interroger sur la raison d’être (la légitimité) des droits, des obligations, des devoirs de tout un chacun envers les autres comme envers soi-même.

Utilisations : Enseignement de la morale, enseignement de la religion, réflexion interculturelle, démarche interreligieuse, formation au vivre-ensemble…

Niveaux d’application : Adolescents, jeunes adultes et plus avec les adaptations qui s’imposeront.

Participants : entre 5 et 30 personnes. À partir de 15, la répartition en petits groupes pour certaines activités est préférable.

Format : Séquence de deux séances (ouvertures sur différentes initiatives et projets divers).

Objectifs généraux
– Déterminer ce que chacun accepte et refuse en ce qui concerne sa relation aux autres.
– S’approprier les principes et les expressions multiples de la règle d’or.
– Vérifier en quoi les règles et les lois participent concrètement à l’installation d’un vivre ensemble opérant.

Rédaction : Patricia Goepfert et Pierre-Michel Gambarelli

Format : pdf de 13 pages A4 (tous les documents téléchargés sont imprimables)

Contenu du dossier zip
140.513-a : Déroulement des deux séances de la séquence et une série de développements possibles afin d’installer cette réflexion dans un projet plus conséquent en fonction des objectifs des animateurs.

140.513-b – Annexe 1 – Agis envers autrui (à imprimer et/ou à projeter)
140.513-c – Annexe 2 et annexe 2 bis – La règle d’or
140.513-d – Annexe 3 – Les droits de l’enfant
140.513-e – Annexe 4 – Concours
140.513-f – Annexe 5 – La règle d’or dans les traditions religieuses
140.513-g – Annexe 6 – Droit ou devoir
140.513-h – Annexe 7 – Cylindre de Cyrus (à imprimer et/ou à projeter)

Pour aller plus loin, ces quatre documents glanés sur la toile
> 140.513-i – La règle d’or – Dossier pédagogique (Éditions Embiro)
> 140.513-j – Règle d’or – Intervention de Jean Couture – Université de Laval (www.enseigner-ecr.org)
> 140.513-k – Tableau synoptique des grandes religions (Centre Canadien d’œcuménisme)
> 140.513-l – ʺLa règle d’orʺ – Olivier du Roy (Les racines du ciel –  une émission de Frédéric Lenoir – 58 minutes) – La Règle d’or. Le retour d’une maxime oubliée / ISBN : 9782204084277

Pour aller encore plus loin :

> Recension par Frédéric Lenoir (introduction à l’émission « Les racines du ciel » du 15 décembre 2009)

Olivier du Roy a été moine bénédictin pendant 20 ans. Il est docteur en Théologie de l’Université de Strasbourg. Après avoir quitté la vie monastique, il devient consultant en organisation (1973-2003) et publie plusieurs livres sur le management des ressources humaines et la conduite de projet. Après sa retraite, il reprend un projet de thèse de Doctorat en Philosophie qu’il soutient en octobre 2007, à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée : sous le titre « La règle d’or : Histoire et portée d’une maxime éthique à paraître en 2010 ».

Cet ouvrage est le premier livre en langue française qui ait jamais été consacré à cette maxime morale universelle (« ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse »), attestée dans toutes les cultures et religions du monde depuis le Ve siècle avant Jésus-Christ, depuis Confucius, le bouddhisme et l’hindouisme, l’Égypte ancienne, la Mésopotamie, le mazdéisme, la Bible et enfin l’islam. Elle joue un rôle majeur dans l’histoire de la pensée chrétienne où elle est considérée comme l’expression de la loi naturelle. Luther et les réformateurs lui accordent une place éminente dans leur prédication. Elle devient un argument majeur des Quakers contre l’esclavage au XVIIe siècle.

L’ouvrage analyse les différentes formes que peut prendre cette maxime et dissipe les malentendus qu’elle peut engendrer. Il décrit son extension géographique et ses avatars dans la pensée morale occidentale. Il met en évidence le paradoxe de son statut dans le christianisme : maxime de la loi naturelle dans toute la tradition, mais, dans l’enseignement de Jésus, exigence d’un amour qui va jusqu’à l’amour des ennemis. Enfin l’auteur analyse les fondements anthropologiques de son fonctionnement, prenant sa source dans l’empathie naturelle et son efficacité dans l’injonction qui nous pousse à nous mettre à la place de l’autre et à « renverser les rôles ».
(La Règle d’or. Le retour d’une maxime oubliée / ISBN : 9782204084277)

> Recension par Raymond Winling (dans Esprit & Vie n°220 – février 2010, p. 57-58)

L’auteur de cette étude part d’un constat : le monde francophone accorde peu d’intérêt à la règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse à toi », alors que dans le monde anglo-saxon elle se situe au cœur de la réflexion éthique. Aussi se propose-t-il de faire découvrir au lecteur français le rôle qu’a joué la règle d’or dans la pensée morale et religieuse. Après avoir donné un aperçu sur les différents types de formulation positive et négative, l’auteur entend d’abord constituer un dossier : ainsi le troisième chapitre montre que la règle d’or est connue dans toutes les aires culturelles en dehors du monde chrétien ; un relevé éclairant de citations atteste la présence de la règle en Chine, en Inde avec ses quatre grandes religions, dans l’islam, chez les Incas et ailleurs.

Le quatrième chapitre établit que la tradition occidentale lui accorde une place d’honneur : aussi bien les philosophes grecs et les Pères de l’Église que les théologiens du Moyen Âge et les Réformateurs la citent et la commentent. Le sixième chapitre traite du sens nouveau que prend la règle, quand elle est insérée dans la dynamique du Sermon sur la montagne de Matthieu ou le Sermon dans la plaine de Luc. Là où Matthieu fait de la règle d’or une sorte de récapitulation de tout le Sermon sur la montagne, Luc insère la maxime au cœur même des antithèses concernant l’amour des ennemis. Si l’on voulait paraphraser l’interprétation de Luc, estime l’auteur, on pourrait dire : « Ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur, mais n’attendez pas pour le faire qu’ils l’aient fait eux-mêmes (initiative unilatérale) et ne le faites pas pour qu’ils vous le fassent (désintéressement) » (p. 121-122).

Jésus donne donc une interprétation radicalisante de la règle, pour éviter toute interprétation réductrice, dictée par l’égoïsme et pour inviter au décentrement des désirs et des aspirations. Dans le contexte d’un enseignement sur le véritable amour-agapè, le message du Christ est qu’il ne s’agit pas d’aimer pour être aimé en retour. En agissant selon la maxime comprise de cette façon, le disciple sera miséricordieux à l’instar du Père dont la miséricorde est inlassable à l’égard des ingrats, même s’il n’est pas aimé en retour.

Pour terminer, l’auteur analyse les fondements anthropologiques de la règle d’or. Selon lui, elle prend racine dans « l’empathie » naturelle, qui est une identification spontanée à autrui, un amorçage de la sortie de soi pour appréhender une subjectivité autre. Certes ce mouvement d’empathie n’est pas encore la morale, mais la morale s’y enracine. De plus, cette empathie conduit au-delà de celui qui est proche jusqu’à celui qui est étranger, voire même agresseur. De cette manière la règle d’or est fondamentale pour la constitution d’un monde interhumain et pour la coexistence en société.

On ne peut que recommander la lecture de ce livre stimulant qui concerne l’appel à se mettre à la place de l’autre et à pratiquer le « renversement des rôles ».

> Recension publiée par la revue Lumière & Vie

La règle d’or (agis envers autrui comme tu voudrais qu’il agisse envers toi) impressionne par sa présence en d’innombrables cultures et religions souvent dépourvues de tout lien entre elles. Sa compréhension peut varier, mais au fondement de ses diverses formulations, c’est la réversibilité des actions et des jugements qui est proposée comme test de la rectitude morale et non la réciprocité : il ne s’agit pas de faire à l’autre ce que je voudrais qu’il fît à mon égard mais de le traiter de la manière et dans le style où je voudrais l’être. Il ne s’agit pas d’une règle de réciprocité (ce qu’est la loi du talion) : ce que l’autre me fait n’a rien à voir ici et ce que je voudrais qu’autrui fasse pour moi n’est pas le motif de ce que je dois faire à son égard. La règle d’or en appelle donc à une inversion des rôles : prendre le point de vue de l’autre.

Il s’agit d’une réversibilité dans le mode de traitement, non dans le contenu. O. Du Roy considère la règle d’or comme un exercice procédural, qui ne se réclame donc pas de « valeurs » (tel le Bien) mais propose un « exercice mental » consistant à se mettre à la place de l’autre. Elle prescrit une posture, non un contenu.

Dans sa phase patristique, la culture occidentale finira par assimiler la règle d’or et la loi naturelle et on verra même en elle la clef de compréhension du Décalogue. La scolastique détrônera quelque temps la règle d’or au profit d’une philosophie morale dominée par le Bien (c’est la syndérèse : « faire le bien et éviter le mal ») et non plus construite sur un fondement interpersonnel, comme c’est le cas de la règle d’or. Dans cette évocation de la loi naturelle, l’auteur prend position contre une conception essentialiste de la « nature humaine » dont on devrait tirer une valeur normative pour les comportements. Il prône une morale dont le fondement interpersonnel permet d’échapper aux perspectives d’une conformité à la nature. Il faut aussi retenir l’interprétation originale qu’il fait de la règle d’or en vertu de son insertion dans la dynamique évangélique de l’amour, notamment de cet amour « à fond perdu » qu’est l’amour des ennemis. La règle d’or peut bel et bien être mise au principe d’une morale interpersonnelle de la responsabilité. Un ouvrage riche en documentation et en réflexion.


Pour aller encore beaucoup plus loin 

Cette maxime est souvent appelée la « Règle d’or ». On la retrouve sous des formulations voisines dans la plupart des religions, philosophies ou cultures du monde. C’est la barrière que la morale dresse contre l’égoïsme et contre ceux qui pensent ne pouvoir réaliser pleinement leur liberté qu’en piétinant celle des autres.

Zoroastrisme (Perse)
« Tout ce qui te répugne, ne le fais pas non plus aux autres. »
(Shayast-na-Shayast 13-29, vers 1000 avant JC)
« Que la nature (humaine) est bonne seulement lorsqu’elle ne fait pas à autrui ce qui n’est pas bon pour elle-même. »
(Dadistan-i Dinik, 94-5, vers 800 avant JC)

Taoïsme
« Considère que ton voisin gagne ton pain, et que ton voisin perd ce que tu perds. »
(Lao Tzu, VIe siècle avant JC, T’ai shang Kan Ying Pien, 213-218)
Pour être bon l’homme « doit avoir pitié des tendances malignes des autres; considérer leurs avantages comme si c’étaient les siens, et leurs pertes de la même manière. »
(Lao Tzu, VIe siècle avant JC, T’ai shang Kan Ying Pien)

Bouddha (560-480 avant JC)
« Ne blesse pas les autres par des moyens que tu trouverais toi-même blessants. »
(Udana-Varga, 5-18)

Confucius (551-479 avant JC)
« Tzeu koung demanda s’il existait un précepte qui renfermât tous les autres, et qu’on dût observer toute la vie. Le Maître répondit :
– N’est-ce pas le précepte d’aimer tous les hommes comme soi-même ? Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse à vous-même. »
(Analectes, XV.23 / traduction Séraphin Couvreur)
« Un mot qui peut valoir de règle de conduite pour la vie est « réciprocité ». N’inflige pas aux autres ce à quoi tu n’aspires pas toi-même. »
(Enseignement de la Voie du Milieu 13, 3)

Jaïnisme
« L’homme devrait cheminer d’une manière indifférente face aux choses terrestres et traiter toutes les créatures de ce monde comme il aimerait être traité lui-même. »
(Sutrakritanga I – 11 – 33 vers 500 avant JC)

Hindouisme
« Ceci est la somme de toute véritable droiture : traite les autres comme tu voudrais toi-même être traité. Ne fais rien à ton voisin que tu ne voudrais pas le voir faire à ton égard par la suite. »
(Épopée du Mahâbharata, 5,1517, vers 400 avant JC)
« On ne doit pas se comporter envers les autres d’une manière qui nous répugne nous-mêmes. Ceci est le cœur de toute morale. Tout le reste résulte d’une avidité intéressée. »
(Épopée du Mahâbharata, 114, 8, vers 400 avant JC)

Judaïsme
« Tu devrais aimer ton prochain comme toi-même… »
(Ancien Testament, Lévitique 19,18)
« Ce qui t’est haïssable, ne le fais pas à ton prochain. C’est là la loi entière, tout le reste n’est que commentaire. »
(Le Talmud, Shabbat, 31a)
« Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse. Ceci est la Loi. »
(Rabbi Hillel / -70 avant notre ère

Christianisme
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux, car c’est la loi et les prophètes. »
(Nouveau Testament, Matthieu 7, 12)
« Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux pareillement. »
(Nouveau Testament, Luc 6, 31)

Islam
« Aucun d’entre vous n’est véritable croyant tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. »
(Mahomet, vers 570-632, 13e des 40 Hadiths de Nawawi, rapporté par al-Bukhari et Muslim)


Ce précepte, basé sur la réciprocité, est d’une grande simplicité et facile à comprendre, ce qui a sans doute contribué à son succès. Sa reconnaissance par la plupart des civilisations et des cultures semble en faire un dénominateur commun à l’humanité. Il ne fait, en effet, référence à aucun culte, à aucune divinité, et n’est donc pas incompatible avec l’absence de religion ou de croyance en Dieu.

Cependant, dans sa formulation telle qu’indiquée au début de la page, la « règle d’or » ne constitue qu’une règle négative, passive (« Ne fais pas… ») en matière de morale et d’éthique, ne donnant qu’une vision minimaliste de la relation à autrui. En outre, elle ne concerne que les rapports d’individu à individu et n’indique rien sur les relations et devoirs de l’individu vis-à-vis de la collectivité.

On ne doit également pas oublier que cette règle a souvent été appliquée avec une forte restriction, implicite, voire explicite, à savoir que « autrui », « l’autre, « le prochain », « le voisin », le « frère »… est le frère en religion. Tant pis pour les infidèles, les mécréants ou les adeptes d’une autre religion…. mais ceci est un autre débat. Dans sa version laïque, par définition respectueuse de la liberté de conscience de chacun, une telle restriction ne peut exister.

Cette règle d’or est parfois complétée, comme dans le christianisme, par une formulation positive :

« Fais à autrui ce que tu aimerais qu’on te fasse (si tu étais dans sa situation). »

Cette maxime peut être considérée comme une formulation de la solidarité.

Il est même possible, d’élargir cette règle d’or, en la déclinant à la fois en termes de passif/actif, mais aussi d’individuel/collectif, pour ce qui pourrait être le fondement d’une morale empathique*, à défaut d’être naturelle ou universelle.

(*) Empathie : attitude consistant à se mettre hors de soi-même pour comprendre l’autre de façon globale, sans toutefois éprouver les mêmes sentiments que lui. C’est une sympathie objective qui permet de pénétrer dans l’univers de l’autre, de comprendre quels sont ses problèmes, sa façon de penser, tout en conservant son sang-froid.

 PassifActif
IndividuelNe fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.Fais à autrui ce que tu aimerais qu’on te fasse si tu étais dans le même cas que lui.
CollectifNe fais pas ce qui rendrait le monde invivable si tout le monde (ou beaucoup) faisait ce que tu as envie de faire.Fais ce qui rendrait le monde meilleur si tout le monde (ou beaucoup) le faisait.

(Source)