La Tour de Babel

Cette histoire de Babel nous interroge. Comment la lire aujourd’hui ? Comment se l’approprier ? Comment l’exprimer avec ce que nous sommes les uns et les autres ? Les uns avec les autres ?
Le chant et les propositions qui suivent devraient nous aider à ébaucher quelques réponses autour de ces questions.

La Tour de Babel

Paroles : Pierre-Michel Gambarelli et Patrick Jaymes
Musique : Paul Glaeser
© Adf-Bayard musique

1/ Un jour à Babylone, des hommes décidèrent
Décidèrent d’une seule voix de construire une tour
Une tour monumentale pour dominer la terre
La terre, la stratosphère et tous ses alentours
Le sommet de la tour percera les nuages
Nuages qui entourent le plus haut des soleils
Soleil pour éclairer tous ces milliers d’étages
Mille étages vers le ciel où l’on voit des merveilles.

C’était au temps de la Tour de Babel
Dieu mélangea tous les mots pêle-mêle
Quel charabia de consonnes et voyelles
Le singulier est passé au pluriel.

2/ Ils se mirent au travail pour empiler des briques
Des briques et des briques de bêtise et d’orgueil
Orgueil inépuisable quand tout devient magique
Et magique comme Babel, la tour du tape-à-l’œil
Les hommes de Babylone ne parlaient qu’un langage
Un langage sans cœur, aussi dur que la pierre
La pierre qui n’entend pas la force du message
Un message d’unité pour la terre toute entière.

3/ Afin d’en terminer avec cette folie
La folie de ces hommes qui voulaient être dieux
Dieu mélangea les phrases, les mots à l’infini
Et l’infini se compte en étoiles des cieux
Ne parlant plus pareil, cessant de maçonner
De maçonner l’absurde, les hommes ont décidé
Décidé de partir, de tout abandonner
Abandonner la tour et leurs folles idées.

Usages
•Culture religieuse et arts plastiques
•Approche de la dimension mythique des écrits bibliques
•Catéchèse des enfants et des adolescents
•Veillées spirituelles, jeux scéniques et spectacles religieux
•Découvertes des grands récits bibliques

Texte biblique (traduction libre d’après le texte hébraïque)
Genèse au chapitre 11 versets 1 à 9

  1. La terre entière parlait le même langage et utilisait les mêmes mots. 2. En marchant vers l’orient, les hommes trouvèrent une plaine en Mésopotamie et ils s’y installèrent. 3. Ensemble, ils se dirent « Faisons des briques et mettons-les à cuire ! » Les briques remplaçaient les pierres et le bitume servait de mortier. 4. Ils se dirent : « Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touchera le ciel. Notre renommée ne sera plus à faire et rien ne pourra plus nous disperser. » 5. Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les fils d’Adam avaient bâties. 6. Et le Seigneur dit : « Ils sont devenus un seul peuple avec le même langage ! Ils sont fiers de leur réussite et plus rien ne va arrêter leur arrogance. 7. Eh bien, descendons et embrouillons leur langage afin qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres. » 8. De cette façon, le Seigneur les dispersa sur toute l’étendue de la terre. Et de ce fait, ils ne purent continuer à bâtir leur ville. 9. C’est pourquoi on appela cette ville Babel [ce qui veut dire la porte des Dieux], car c’est là que le Seigneur mélangea les langages des habitants de la terre ; et c’est de là qu’il les dispersa au-delà de tous les horizons.

Commentaires

Le mythe
Pour construire la tour la plus haute jamais construite, capable d’atteindre les cieux, il fallait que tous, architectes, bâtisseurs et ouvriers, s’entendent et unissent leur effort. C’est ce que les hommes ont tenté de faire dans des temps très anciens, selon le livre de la Genèse qui relate la version biblique de la création du monde et de l’installation des hommes sur terre.
Sous l’impulsion du Roi Nemrod, les humains fabriquèrent un nombre incalculable de briques de terre, qu’ils cimentèrent à l’aide de bitume, afin de bâtir une tour dont le sommet devait toucher les cieux. Leur projet fut facilité par leur entente : ils parlaient alors tous la même langue et partageaient la même culture. Mais selon ce récit, Dieu vit dans cette entreprise le signe de la démesure et de l’orgueil des hommes, qui cherchaient à égaler sa puissance. Il les punit en introduisant la diversité des langues. Se trouvant dans l’impossibilité de se comprendre et de s’entendre, les hommes abandonnèrent leur projet et se dispersèrent sur toute la surface de la terre, fondant des peuples divers et variés.

L’archéologie
Au-delà du mythe, l’histoire de la Tour de Babel trouve quelques fondements historiques. En étudiant toutes les langues de la planète, les linguistes ont retrouvé des structures communes dans chacune d’elles. L’un d’eux, l’Américain Merrit Ruhlen, a même démontré l’existence de racines identiques. Il s’agit de mots fossiles d’une langue mère qu’auraient parlée les quelques dizaines de milliers d’hommes présents sur Terre entre 50000 et 20000 ans. Puis, nos ancêtres se sont dispersés et ils ont fini par ne plus se comprendre…

Le symbole
•Le ciel, lieu des étoiles, est aussi le lieu de la présence divine. De la Mésopotamie à l’Égypte, de l’Inde au Mexique, de la péninsule arabe au grand nord scandinave, il existe des récits de construction de tours ou d’échelles qui mènent au ciel.
•Babel pose le principe d’un mythique alphabet initial. À l’origine, Dieu crée l’univers par sa parole (Dieu dit…).
•Pour les hommes, qui voulaient se faire comme Dieu, Babel devint la confusion. Confusion des langues, qui amena les hommes à se disperser car ils ne s’entendaient plus. À l’heure où se construit l’Europe, on se souvient de ce récit de Babel : des hommes ont voulu se rassembler autour d’un grand projet, la construction d’une tour. Mais au lieu de parvenir à un accord, c’est à la confusion qu’ils aboutissent. Comment construire ensemble un projet sans écraser la richesse de nos différences ?
•Hérodote, qui visita Babylone vers 460 avant Jésus Christ, décrit dans ses « Histoires » une tour (ziggourat) monumentale de sept étages. Sept est un chiffre complexe, qui rappelle les sept mobiles célestes, le soleil, la lune et les cinq planètes connues ; le sept commandait, par allégorie, la semaine et le déroulement du temps…
•Nabuchodonosor, roi de Babylone (605-562), représente l’orgueil et le sacrilège. Il conquit la Syrie et la Palestine, ravagea le pays de Judas et pilla la ville de Jérusalem. Nabuchodonosor fut un roi très puissant et tyrannique, mais aussi le constructeur d’une des merveilles du monde. Babylone est le symbole de tous les empires opposés à Dieu et à son peuple. Elle est la « grande prostituée », alliée de l’Antéchrist.

Suggestions d’animation

Une approche de l’histoire de la Tour de Babel dans le cadre d’une séance de culture religieuse.

1/ Écouter le chant en regardant trois tableaux (1 par couplet). Par exemple :
-Une Babel du XVIe siècle peinte par Hendrick van Cleef, Institut néerlandais, Paris.
-Une Babel de jeu vidéo (playstation-ps3)
-Une Babel contemporaine pensée comme une installation de livres

2/ Prendre le temps ensuite de décrire ce que l’on voit
Réflexion individuelle et partage collectif : « En quoi l’histoire écoutée et les visuels observés se rejoignent et en quoi ils s’éloignent ? »

3/ Par équipe (2 ou 3 maximum) : « Aujourd’hui qu’elle est notre Babel et comment la représenter concrètement ? »

4/ D’abord exprimées à l’aide d’un croquis ou d’une maquette, les différentes « Babels » pourraient être réalisées et exposées.

5/ Pour achever la séance, le groupe visionne le diaporama présentant 18 visions artistiques de la Tour de Babel.

Contenu de la valise pédagogique en libre téléchargement

> La Tour de Babel – Partition (Pdf – accords de guitare et guide chant intégré)
> Les trois tableaux : Babel 1 – Babel 2 – Babel 3
> Les Babels – Diaporama (pdf – muet)
> 15 illustrations sur le thème de la Tour de Babel pour vos documents – Dessins de : Patrick Royer et Mathias Grosclaude (format tif)