Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde.
Pour les chrétiens, la paix n’est pas une valeur, mais un don de Dieu. Le Christ est la paix, il nous donne sa paix et il leur revient de porter les saveurs de l’Évangile jusqu’au-delà de tout.
Le sel de la paix
Texte : Pierre-Michel Gambarelli
Musique : Jean-Pierre Kempf
Vous, le sel de la terre,
Vous, rayons de lumière,
Vous portez en vous
L’espoir de vivre
En hommes libres.
Vous, le sel de la paix, le sel de la paix.
- Marchez en regardant devant,
Notre nuit s’illumine.
Soyez un peuple de vivants,
Qui lentement chemine.
Cherchez au gré des traditions
Les vrais chemins de la passion. - Venez, écrivons notre loi,
Ce n’est pas difficile.
Osez, sans comment ni pourquoi,
Vivre de l’Évangile.
Aimez comme on aime vraiment,
En se donnant tout simplement. - Criez de toute de votre voix,
Condamnez l’injustice.
Brisez les armes et les croix,
Les chaînes des supplices.
Changez vos cœurs, tendez les mains,
La paix comme l’oiseau revient. - Sortez de vos vieilles maisons,
C’est le temps de la fête.
Levez les yeux vers l’horizon,
C’est le temps des prophètes.
Laissez entrer l’homme nouveau,
Qui ce matin sort du tombeau.
Coup de main
Prière pour la paix, rassemblement, chant d’envoi, mariage.
Coup de gueule
Ce chant liturgique est reconnu par les paroisses comme un des plus « célèbres chants d’Église », parmi bien d’autres évidemment ! De ce fait, il est toujours au catalogue des Éditions ADF-Bayard Musique : ici.
168.000 références sur le net lorsqu’on interroge Google. Il est cependant ostracisé par les autorités chargées de décider ce qu’il convient de chanter ou pas dans les liturgies catholiques en France. Il perd une première fois sa cotation (T 163) transformée en cotation éditeur (SM 205), pour enfin se voir retirer, sans autre forme de procès, de la liste des chants liturgiques.
Ce constat, tout à fait anecdotique, en dit long sur l’état de l’instance catholique appelée SECLI. Ses responsables, sont-ils d’une mouvance traditionnelle ou sont-ils à la solde de cette vision cléricale intégriste ?
Pourquoi, les chants populaires qui véhiculent des messages innovants sont-ils écartés ?
Loin de penser que ce chant est un chef-d’œuvre, mais reconnaissons cependant qu’il soulève des questions de fond qui donnent aux chrétiens qui le chantent de quoi interroger leur foi.
Les chants de louange sont importants, mais pourquoi faut-il ne chanter que ceux-là ?
L’Évangile invite à bousculer le conservatisme pharisaïque. Jésus de Nazareth défend les faibles, les pauvres, les sans-voix, les laissés-pour-compte.
Pourquoi la dimension humaniste, charitable, social, politique n’aurait plus sa place dans nos célébrations. Au nom de quel conformisme ?
Coup de cœur
Ce chant est écrit pour les Pionniers et Pionnières Scouts et Guides de France qui se rassemblaient à Lourdes. Flambeaux à la main, ce chant devient le leitmotiv de leur rencontre.
Qui sont-ils ? Des adolescents, chercheurs de Dieu, mais qui n’ont pas toujours en main les outils pour exprimer leur credo, leurs convictions, leurs doutes…
Aussi estimable soit-elle, la paix pour les chrétiens n’est pas une simple valeur. La Paix, c’est le Christ. Encore faut-il se donner du temps et des moyens pour faire le lien et s’approprier cette réalité théologique.
Cela va devenir la démarche pédagogique de ce chant.
Coup de foudre
Parfois, une phrase de l’Évangile prend une saveur particulière. Parfois même, il s’agit d’un vrai coup de foudre. Chaque ligne de ce chant renvoie à une parole forte de la Bible que chacun peu s’approprier.
Plus particulièrement, les paroles de ce chant à l’intention des jeunes qui fréquentent peu la parole de Dieu traversent l’Évangile avec le Sermon sur la montagne comme trajectoire.
Voilà comment Jésus interpelle ses disciples
« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde. » (Matthieu 5, 13-16)
Voilà comment commence le Sermon sur la montagne juste après le texte des Béatitudes.
Jésus rend libres tous ceux qui l’approchent et qui mettent en pratique les Béatitudes. Souvenons-nous du jeune homme riche (Marc 10, 17-31).
Avec Jésus, nous entrons dans une autre dynamique qui sans rejeter l’ancien construit du neuf. (Matthieu 9, 17)
Il ne s’agit pas de vivre sans foi ni loi mais de suivre celui qui est le chemin, la vérité et la vie. (Jean 14, 6-14)
On vous disait… Mais moi, je vous dis… La loi du cœur sublime la loi de pierre.
Que l’Évangile soit notre boussole sur la route de la vie et que l’amour des autres soit au centre de notre attention, de notre sollicitude, de nos projets, de nos actes.
Accueillons la paix que Jésus nous donne tout au long de l’Évangile. Il ne nous donne pas la paix, mais SA paix. Il est la paix. (Jean 14, 27)
À nous de vivre de sa paix chaque jour, d’être sa paix au quotidien, de continuer à donner sa paix ici et ailleurs.
À nous de nous convertir en sortant de nos vieilles habitudes.
À nous de porter des habits de fête et de nous dépouiller des habits de deuil. (Psaume 30, 12)
À nous d’être les prophètes de la Bonne Nouvelle jusqu’au bout de la terre. (Actes 1, 8)
À nous d’être les témoins de la résurrection du Christ. Oui, la mort est morte, Dieu est vivant et sa Paix, par l’Esprit, œuvre en nous à tout jamais.
Coup de pouce
Chacun à la lecture d’un passage d’Évangile (ou dans la Bible, d’un texte sacré ou profane) exprime ce que la paix n’est pas pour lui. La synthèse de cette réflexion collective donne à construire une plus juste définition de la paix qui ne peut se limiter à la seule absence de guerre.
Quelques exemples
> La paix n’est pas la compromission. Un arrangement à l’amiable par facilité, intérêt, convoitise, désir de pouvoir… (Jésus tenté par le diable – Matthieu 4, 1-11)
> La paix n’est pas la soumission. L’acceptation passive de l’injustice, de l’abus de pouvoir, de la tyrannie ou de l’oppression… (Jésus au jardin des Oliviers refuse la violence – Matthieu 26, 46-54)
> La paix n’est pas l’ignorance. Le principe de l’autruche, du rien vu et rien entendu. Le déni ne peut être la solution à long terme… Jésus ne passe pas à côté des pièges tendus par ses adversaires… (Une femme accusée d’adultère – Jean 8, 3-11)
> (Dans le même esprit) La paix n’est pas :
L’absence de justice
La peur devant l’adversité
La censure
L’inaction
L’indifférence
L’oubli
…
Coup de chapeau
Il se trouve que l’album dans lequel se trouvait le chant le sel de la paix comportait un éditorial rédigé par Monseigneur Jean Vilnet évêque des Vosges (1964-1983), puis évêque de Lille (1983-1998) et Président de la Conférence des Évêques de France (CEF) entre 1981-1987. Un grand humaniste, proche des plus démunis, il ne cherchait pas à plaire, mais à préserver l’unité de l’Église dans l’esprit de Vatican II dont il avait été l’un des acteurs étant au moment de son ordination épiscopale (1964) le plus jeune évêque de France.
« Le sel de la paix » lui est dédié.
Voilà intégralement ce qu’il écrivait sur la jaquette de l’album
Que disiez-vous sur la route ?
Que chantiez-vous en marchant ?
Qu’allez-vous dire en chantant, en ce moment de halte, en ce soir qui tombe, en cette Eucharistie à laquelle vous vous préparez ?
Ami, quel que soit votre âge, vous êtes en route, avec d’autres.
Chercheurs de Dieu sans doute.
Porteurs d’espoir aussi et témoins de l’amour.
Sur le chemin de vie, l’Autre, Paroles, Vie et Frère universel vous a rejoints.
Laissez-le prendre place chez vous, comme les disciples d’Emmaüs.
Reconnaissez-le jusque dans le pain rompu et dans tout partage fraternel.
Courez dire partout : Il est vivant !
Avec lui, démolissez la guerre, à Mains nues, et, à cœur ouvert, annoncez la Paix.
Amour, foi, paix, espérance : chantez-les.
Un jour d’autres se joindront à vous sur la route d’un monde nouveau.
Voici des chants pour cette route, ils sont appel et message. Avec eux, ouvrez le monde à la paix.
« Les clés de la paix sont à notre portée : il nous revient de nous en servir pour ouvrir toutes les portes. »
Jean-Paul II, Journée de la Paix, 1er janvier 1987
Mgr Jean Vilnet
Président de la Conférence des Évêques de France



« Le sel de la paix » sur d’autres supports
> Les trésors de Studio SM (interprétation : Pierre-Michel Gambarelli)
> Chants célèbres d’Église (interprétation : Groupe Alliance)
