Amplifier nos connaissances >>>
Une nécessaire formation intégrale, continue et partagée
Plus de trois millions de visiteurs vont déambuler dans les allées du Marché de Noël de Strasbourg qui vient d’allumer ses lampions pour la 454e fois. Le temps des festivités de Noël est ouvert.
Ce marché était à l’origine, dans Strasbourg la catholique, dédié à saint Nicolas. Mais en 1570, Strasbourg la protestante, décide de remplacer le marché de saint Nicolas (trop papiste) par le Christkindelsmärik, le « marché de l’enfant Jésus ».
Une fois encore, la féerie de ce marché va cohabiter avec l’humilité de la naissance de l’Enfant-Dieu. Les odeurs de cannelle et de pain d’épice vont couvrir celles d’une étable où, il y a plus de deux mille ans, une femme dépose son fils premier-né dans une mangeoire (Luc 2, 7).
Lorsqu’en 354, les chrétiens décident de célébrer la naissance de Jésus, ils choisissent judicieusement de superposer le premier Noël officiel sur la fête romaine du Sol Invictus (Soleil Invaincu). Le Jésus de la foi est ainsi glorifié par le Soleil d’une « tradition païenne ». Innombrables sont les symboles issus de nos héritages culturels qui nous permettent, aujourd’hui encore, d’exprimer notre foi.
Pourtant, faut-il encore prétendre que culture et religion chrétienne sont à jamais liées, quand de moins en moins de nos contemporains, familles chrétiennes comprises, ne sont plus en mesure de faire ces liens ?
Faut-il encore se donner la peine de revauder ces fils indispensables à une meilleure compréhension de notre environnement religieux et culturel ?
Oui, mille fois oui. Souvenons-nous de ce que nous disait de façon prophétique Hannah Arendt : « Si vous ne leur expliquez pas le monde, ils le détruiront. »
Noël est un bon exemple pour penser la coexistence évidente entre la foi et la tradition, entre la religion et la culture. D’un côté, il y aura toujours ceux qui rejettent jusqu’au sapin décoré parce que trop païen et, de l’autre, ceux qui frisent l’apoplexie en passant devant une crèche sur une place publique. Mais entre les deux, l’espace ne manque pas pour rapiècer l’essentiel : la victoire de la lumière sur les ténèbres (les guirlandes dans les rues), l’Alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et les hommes de bonne volonté (les anges accrochés au sapin), le mystère de l’incarnation qui rapproche à jamais l’humain du divin (l’étoile au-dessus de la crèche), l’amour fait homme pour sauver tous les vivants (une foule de santons entourant le divin enfant) …
Il est plus que temps pour les chrétiens d’expliquer leurs traditions, leurs mythes, leurs rites, leurs fêtes… Sans fausse pudeur, sans censure, sans nier l’évidence scientifique et historique.
Nous devons aider ces parents qui ont trente, quarante ou cinquante ans et qui ne peuvent pas répondre à leurs enfants et à leurs adolescents lorsque ceux-ci demandent pourquoi « dimanche » s’appelle « dimanche » ou pourquoi on met une crèche sous un sapin.
Aidons également ces grands jeunes qui s’éveillent aux réalités du monde et qui passent au Louvre à côté de Jean-Baptiste, le lanceur d’alerte du Jourdain, sans comprendre pourquoi son doigt vers le ciel va changer la face de l’humanité (Luc 3, 1-6 – Évangile du 2e dimanche de l’Avent).
Tout est question d’éducation et donc d’éducateurs. Chaque baptisé est concerné. Cherchons-nous, chacun selon ses possibilités, de quoi affûter notre curiosité dans le large champ de sciences humaines, de quoi élargir le spectre de nos connaissances culturelles et religieuses à chaque étape de notre vie, de quoi communiquer nos constats, nos expériences, nos analyses dans un esprit constructif ?
Ceci n’est autre qu’une des dernières préconisations de la Synthèse d’octobre 2024 du Synode sur la synodalité : « Au long du processus synodal, de toutes parts, une des demandes qui a émergé avec le plus de force est que la formation soit intégrale, continue et partagée. » (§ 143)